Palmarès 2011

 

L’édition 2011 s’est terminée samedi 9 avril par la proclamation des résultats des compétitions.

La minute pour l’environnement

Le jury a apprécié la fraicheur, l’originalité, la créativité et la possibilité d’avoir plusieurs entrées.
En une minute, l’équipe a su délivrer un message très actuel, universel qui touche tous les publics.
C’est une équipe de cinq jeunes lycéens du lycée Poirier de Gissac de Sainte Anne.
Nous vous laissons découvrir leur production : La pollution.

 

LA POLLUTION      Collectif de l’option cinéma du Lycée de Sainte-Anne, Guadeloupe

(Alexanne JOUETTE, Chiara CANNAROZZO, Anna BOUILLOT, Valentin PREVOT, Manon ALIX)

Le court métrage

Le 1er prix :

TI-TIIMOU NOS SOLS de Michel K.Zongo

Le jury a décerné son prix au film Ti-Tiimou, nos sols, de Michel K. Zongo, Burkina Faso

Pourquoi ce choix : parce qu’un petit village du Burkina Faso, avec ses habitants, au cœur de l’Afrique, devient le temps d’un film, un symbole du monde.

On y voit des gens simples, des paysans, des commerçants, capables de raisonner comme des scientifiques et des experts. Ce sont eux qui posent les problèmes, et ce sont eux qui nous proposent des solutions.

On a aimé leur quotidien, leur musique, leur arbre à palabre, leur village, leurs visages, leur sagesse.

http://www.cinomade.org/cinomade_fr/?p=127

 

 

COUP DE CŒUR :

NOM TEW de Pierre Deschamps

 

Il y a le 1er prix, mais le jury a tenu à récompenser une autre œuvre sous forme de coup de cœur.
Parce qu’il n’est pas toujours évident de départager des productions d’une même catégorie dans des formats différents, des courts métrages courts et des courts métrages plus long !

Cette mention spéciale, nous la décernons à « nom tèw » de Pierre Deschamps.

« Son œuvre nous a touchés par la justesse de sa réalisation, son esthétique naturelle épurée, la beauté de la lumière et du cadre.
Ce photographe a su nous émerveiller en nous faisant partager le quotidien d’un homme libre. »

Une œuvre n’est pas seulement jugée et appréciée pour sa forme… Le fond, le message qu’elle délivre est tout aussi important.
Nom tèw ne peut laisser indifférent car ce court métrage touche ce qu’il y a d’intime en nous, notre lien à la terre. Un lien profond que même la spirale consumériste, le tourbillon de la modernité ne peut nous arracher, car il est là en nous.
  Nom tèw c’est ce personnage qui vit bien quelque part sur une île de nos jours, mais qui demeure attaché à sa forêt, à la nature, à l’essentiel.
  Nom tèw est une ode à la simplicité, un hommage à cette terre nourricière …

c’est donc pour toutes ces raisons que nous avons tenu à récompenser sous forme de coup de cœur cette œuvre… et nous espérons que vous l’apprécierez autant que nous…!

 

Le long métrage

Le 1er prix :

POUBELLE LA VIE de Martin Meissonnier et Pascal Signolet

 

Nous avons choisi de donner le premier prix à  » Poubelle la vie » parce que :

C’est le long métrage le plus long de la sélection, mais il est très facile à suivre et l’on ne se rend pas compte de sa longueur vue la masse d’informations qu’il génère.

C’est un outil pédagogique magnifique, on parle de la production des déchets par l’homme, de leurs provenances, de leurs cheminements, des moyens de traitements existants et des solutions pour un traitement raisonné des déchets actuels et futurs.

C’est une mine de documentation avec des interventions bien choisies.

Tout est fluide dans le film, on se laisse emporter par le camion poubelle qui nous montre ce que deviennent nos déchets en France mais aussi dans d’autres pays d’europe.

 

COUP DE CŒUR :

SOUS LE VENT DE L’USINE de Anne Pitoiset, Laurent Cibien

 

 

Outre le 1er prix, le jury a voulu donner un coup de cœur à ce film et il l’explique :

« A travers le choc de cultures, de modes de vie, comme de modes de pensée, dans la confrontation entre une usine de nickel et une communauté du peuple Kanak en Nouvelle-Calédonie, le documentaire « Sous le vent de l’usine » de Anne PITOISET et de Laurent CIBIEN, aborde, sous un angle spécifique (à travers un zoom sur une situation particulière), sans généralisation, le problème global d’opposition frontale de rapports à l’environnement (d’exploitation maximisée ou bien de quête d’harmonie avec la Nature), frottements violents ayant des conséquences économiques, sociales et culturelles sur les communautés, les sociétés, les peuples impactés. Par ailleurs, ce film a l’intelligence de ne pas apporter de solutions, mais de souligner des questionnements en cours, dont nous ne connaissons pas encore les issues possibles, dans ce nouveau mode de « relation » entre des mondes différents, qui se sont déjà rencontrés et ne peuvent plus faire machine arrière. Enfin, le jury a apprécié que le film contienne peu de commentaires. Ainsi, la réalisation laisse libre expression aux interventions de personnes présentes sur place, parfois contradictoires ou discutables (qu’il est permis à tout un chacun de discuter), sans les commenter, c’est-à-dire sans impliquer une direction unique dans le regard porté sur la situation traitée. »

LE COUP DE CŒUR du Comité TERRA Festival :

GREEN de Patrick ROUXEL

 

                                       

A l’issue de la 8ème édition du Terra Festival, le 9 avril 2011, un Prix spécial a été attribué, hors compétition, au film Green de Patrick ROUXEL. Les organisateurs ont unanimement salué une réalisation qui, contrairement au propos de Raymond QUENEAU, déclarant dans son roman Loin de Rueil : « Les gosses ça les emmerde le docucu, et comment ! », fait la démonstration qu’un documentaire peut susciter l’intérêt des jeunes et des moins jeunes. Le réalisateur qui dénonce les méfaits de la déforestation des forêts à Bornéo, réussit de façon subtile à faire adhérer à son  propos militant, en s’adressant à la fois à la sensibilité de son public et à son intelligence.

Pour illustrer ce que nous pourrions appeler « la chronique d’une mort annoncée », celle du vivant, Patrick ROUXEL a fait le choix de filmer en direct ce qui, dans une fiction, se nomme une « belle mort ». Sauf, qu’il s’agit ici de filmer en direct une véritable agonie, celle d’une femelle orang-outan, Green, qui est le « personnage » du film. Le spectacle particulièrement poignant de cette mort à laquelle nous assistons passivement doit nous faire ré-agir, si nous ne voulons pas être accusés de complicité.

Deux procédés accentuent l’identification de l’animal avec l’homme. D’une part, le singe malade est couché sur un lit comme un enfant, tandis que la caméra procède à de très gros plans s’arrêtant sur son regard particulièrement expressif ou encore sur ses mains. Par ailleurs, la caméra rend compte à plusieurs reprises d’une vision subjective en cadrant ce que le personnage voit : tantôt la fenêtre, tantôt des fourmis au sol ou encore le goutte-à-goutte fixé à son bras. A d’autres moments, c’est l’activité de la « pensée » de Green que caméra nous restitue à travers ses souvenirs…

Un montage alterné très fluide va permettre d’intercaler dans le film qui s’achemine de façon de plus en plus pathétique vers la mort de l’animal, des séquences en flash back « expliquant » le mécanisme de cette dramatique situation. Un documentaire complet est ainsi subtilement introduit, par petites doses, dévoilant toute une filière. Tout commence avec l’abattage de bois précieux pour les industries du meuble ; cela se poursuit avec la capture et la disparition progressive des espèces animales ; celle-ci s’accélère ensuite avec la déforestation à grande échelle, les plantations de palmiers à huile et la transformation désastreuse du paysage.

Mais une autre originalité du film, et non des moindres, réside dans sa bande son. En effet, rien n’est dit, les images parlant d’elles-mêmes. Aux trilles d’oiseaux qui hantent la mémoire de Green, succèdent des stridences de scies ou de machines, des airs de jazz évoquant la vie citadine, mais aussi de longs ariosos douloureux et le silence. Progressivement, cette descente en Enfer débouche sur un monde désert, sans vie et sans bruit. Comme un vulgaire déchet, Green morte sera empaquetée dans du plastique, le film s’achevant sur le plan séquence du vol de ce que l’on croit être un aigle royal et qui s’avère n’être qu’un cerf-volant. Ici comme ailleurs, le réalisateur fait confiance à l’intelligence de son public pour interpréter cet ultime symbole…

On sort littéralement bouleversé de ce film, mais aussi conscient de l’infime écart qui nous sépare de Green. Cinéma du réel, ce documentaire nous alerte sur la disparition des grands singes, tout en mettant également en scène la disparition de notre propre espèce. Non, décidément, ce docu est loin d’être cucu !

Scarlett JESUS, TERRA FESTIVAL